L’élevage de vers de farine, une diversification encore peu courante

Publié le 14/10/2021 par Julie Guichon

L’élevage de vers de farine, une diversification encore peu courante

Créée en 2018, la société Invers a mis en place une filière de production de vers de farine à destination de l’alimentation animale et piscicole. Elle gère la reproduction et l’éclosion des œufs qui, devenus micro-larves, sont acheminés chez des éleveurs jusqu’à leur maturité. Des coopératives et des négoces s’intéressent à ce modèle de production, comme Limagrain.

Mieux connu sous le nom de ver de farine, le ténébrion meunier est un coléoptère apprécié pour la qualité de ses protéines.

« À terme, notre objectif est de substituer les farines de poisson par des vers de farine, explique Sébastien Crépieux, président directeur scientifique et technique chez Invers. Nous réalisons des tests zootechniques dans ce sens, avec une réflexion autour de tout un écosystème. »

Une source de protéines plus durable

Actuellement, le marché des vers de farine est principalement dédié à la petfood, à des filières locales ou qualitatives, type label.

« Nous étudions toutes les possibilités à condition qu’il y ait des perspectives de débouchés, avec des structures locales capables d’approvisionner les éleveurs en coproduits pour l’alimentation de l’élevage », souligne Sébastien Crépieux.

Des coopératives et des négoces regardent ce modèle de production avec attention. C’est le cas de la coopérative Limagrain, actionnaire à hauteur de 12% dans Invers.

« La construction de cette nouvelle filière permet de proposer aux agriculteurs coopérateurs une nouvelle source de revenus stable, peu dépendante des fluctuations des cours des céréales et des aléas climatiques », explique Christophe Brasset, directeur général de Limagrain Coop.

Pour la coopérative, les vers de farine constituent des alternatives à des sources de protéines importées par l’Europe. Produits localement, ils consolident la durabilité d’une filière nouvelle, du territoire et de l’environnement.

Rien ne se perd, tout se recycle

À maturité, la larve du ténébrion meunier pèse 80 à 100 milligrammes.

« À ce stade, la teneur en protéines est optimale, précise Sébastien Crépieux. La récolte peut alors avoir lieu. »

Les vers de farine se nourrissent d’aliments secs, principalement du son de céréales et autres coproduits.

« Pour produire 1 kg de larves fraîches, qui contiennent 60% d’eau, il faut 2,5 kg de son et une faible quantité de matière humide (déchets de carottes ou drèches brassicoles), indique Sébastien Crépieux. Nous étudions les possibilités d’améliorer la nutrition des larves avec des légumineuses de type pois ou féverole pour poursuivre la diversification de nos agriculteurs. »

Cet élevage exige de la surveillance. Animaux à sang froid, les vers de farine dégagent de la chaleur lorsqu’ils sont concentrés. Celle-ci peut être néfaste à leur activité. C’est pourquoi il faut vérifier que la température ambiante se situe entre 25 et 28°C. En routine, pour un bâtiment de 850 m² qui contient entre 7000 et 12000 caisses d’insectes, il faut compter un travail à temps de partiel de 50 voire 60% par semaine.

« Tout un process automatisé a été conçu pour faciliter leur manipulation, rassure Sébastien Crépieux. Au moment de la récolte, un tamis avec un calibrage précis permet de séparer les déjections des larves matures vivantes. Selon les utilisations, celles-ci peuvent être consommées en l’état ou mortes. »

Les protéines produites par ces insectes sont riches en acides animés soufrés. Après tamisage, l’alimentation non consommée est réutilisée pour alimenter de nouvelles micro-larves.

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